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1204. Sécurité des aliments

Environnement | Pollution | Ruminants (général)

Exposition des ruminants aux Polluants Organiques Persistants et voies de décontamination

RYCHEN G., JURJANZ S., FOURNIER A., TOUSSAINT H., FEIDT C.
Université de Lorraine, INRA – UR AFPA, 2 av de la forêt de Haye, 54505 Vandoeuvre cedex

RESUME
D’origine anthropique, les polluants organiques persistants (POP) sont disséminés dans l’environnement. Ces composés hydrophobes, caractérisés par une forte persistance dans l’environnement, peuvent être bio-accumulés dans les tissus adipeux des animaux d’élevage. L’Union Européenne a défini des teneurs maximales pour les dibenzo-p-dioxines, les dibenzofuranes polychlorés (PCDD/F) et les polychlorobiphényles « dioxin like » et « non dioxin like » (PCB DL et PCB NDL) dans les aliments d’origine animale (règlements UE n°1881/2006, 1259/2011). Lorsque les ruminants sont accidentellement exposés à du fourrage et/ou des sols contaminés, il a été constaté que leurs produits sont rapidement impropres pour la consommation humaine. Cette contamination est multifactorielle : elle dépend de facteurs environnementaux, de facteurs liés au système d’élevage (type d’animal, fourrages et sols potentiellement contaminés, état et statut physiologique, niveau de production du troupeau) et des caractéristiques des contaminants. A titre d’exemple, à l’équilibre les taux de transfert de fourrages contaminés vers le lait varient entre 5 à 90% selon les composés PCB, et de 1 à 40% pour les PCDD/F. Les différences de niveau de transfert sont liées à l’hydrophobicité des polluants ainsi qu’à leur sensibilité métabolique.
Le sol peut lui aussi être un réceptacle de la pollution. Suivant la durée et l’intensité de l’émission polluante, il peut jouer le rôle de réservoir, Il est donc important d’appréhender la quantité de sol ingérée par les ruminants ainsi que la biodisponibilité des contaminants présents dans cette matrice. En effet, les caractéristiques du sol telles que le taux de carbone organique et les concentrations d’argile sont souvent considérées comme pouvant réduire la disponibilité des POP. Les études les plus récentes indiquent que le sol est réellement une matrice à risque en termes de transfert de polluants vers la chaîne alimentaire via deux facteurs : une ingestion parfois importante (jusque 10% de la ration) et une disponibilité significative des polluants.
Les gestions de crises liées aux contaminations accidentelles en POP sont complexes : ainsi, à titre d’exemple, la gestion des élevages contaminés par les PCB dans le département de la Loire en 2008-2010 (France) a coûté plus de 3 millions d’euros et près de 2.000 bovins ont dû être euthanasiés. La question de recherche qui en découle est la suivante : les ruminants contaminés accidentellement par des POP et impropres à la consommation, peuvent-ils être décontaminés et utilisés à nouveau pour leur but initial. Les études les plus récentes montrent que le processus de décontamination est envisageable : il dépend à la fois du niveau initial de la contamination et de l’état physiologique des animaux.

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